Pour ma part, cette grossesse est arrivée car j'ai joué avec le feu. La pillule, c'était pas tous les soirs que je la prenais, j'oubliais malheureusement de temps en temps, mais ça ne m'avais jamais posé de problémes. Alors évidemment, lorsque mes règles sont arrivées trop tôt, j'ai laissé passer un mois avant de la reprendre. Je pensais ne rien risquer, puisque j'avais lu que le corps nécessitait d'une période de plusieurs mois, après l'arrêt de la pillule, avant qu'il n'y ait un risque de fécondation. Ben là, mon corps n'en a pas eu besoin. Je n'ai pas eu mes règles, et malgré ce retard, des nausées, les seins durs et douloureux, et cette terrible douleur qui me tordait le bassin quasiment tous les jours, j'y croyais pas vraiment. C'est chéri qui est allé acheté le test de grossesse, lui il savait déjà. Et Clearblue m'a annoncé que j'étais enceinte d'environ deux à trois semaines (d'ailleurs il se trompait). Avec chéri, on s'était toujours dis qu'il était évident que j'avorterais. Nos raisons sont simples. A ce moment là, mon CDD touchait à sa fin et lui n'avait pas de travail. Nous vivons dans un 25m désuet, n'avons que très peu de ressources financiéres. Nous sommes jeunes aussi, encore bien trop pour songer à fonder une famille, Et puis, il y a tellement de chose que j'ai envie de faire. La maternité ne m'attire pas. Cet embryon qui grandissait en moi, je me suis dis tout d'abord qu'il allait me gâcher la vie. Alors, comme toute bonne jeune fille naïve, je me suis penchée sur internet pour trouver des renseignements sur l'IVG, des témoignages. J'esperai trouver des informations objectives, quelle erreur ! Les sites traitant de l'avortement qui sont en premiére page de google sont tout sauf objectif. Ces sites, ce terrible manque d'informations, m'ont fait douté de mon choix. Et si je m'y attachais ? Et si je renonçais à tout ce que je veux faire pour m'en occuper ? Je ne m'en rendais pas compte à l'époque, mais ça me faisait tellement peur que je me leurrais. L'angoisse me rongeait. L'angoisse de quoi d'ailleurs, je ne sais toujours pas, mais j'étais terriblement sur les nerfs. Chéri était tout prêt à me suivre, quel que soit mon choix. Même s'il préferait l'avortement. D'ailleurs, chose rare, c'est lui qui en a souffert. Alors les semaines ont passées, les rendez vous ont étés pris. Et encore le jour de prendre les cachets, je n'étais absolument pas sûre de moi. Mais je les ais pris; Et deux jours après, à l'hopital, j'ai laissé les infirmiéres (absolument adorables d'ailleurs) me guider et me soutenir. Et puis tout s'est terminé. Plus d'angoisse, plus de doute. Rien que le sentiment d'avoir fait la seule chose à faire. La meilleure chose à faire. Jusqu'à aujourd'hui, quelques larmes ont étés versées, mais très vite estompées. Chute hormonale. Chéri lui était vraiment triste, mais il a finit par se remettre. Lui aussi, il sait qu'un enfant doit arriver dans les meilleures conditions possibles. Je ne regrette pas d'avoir avorté. Je n'en souffre pas et en parle même, sans fierté ni honte, j'en parle parceque je n'en souffre pas, ne regrette pas. Ce n'est pas quelque chose de banal, mais ne pas en parler rend le sujet trop tabou, on s'enferme dans cet acte, on culpabilise, on souffre... Aujourd'hui, même si je ne regrette pas je sais bien maintenant, que j'ai envie de vivre cette experience jusqu'au bout, mais cette fois si, ce sera par choix, par envie, et dans les meilleures conditions possibles. |